L’auteur

David Warnery auteur

J’ai vécu à Majorque au début des années 1990. J’avais terminé mes études et je venais de vivre une première expérience professionnelle qui ne me satisfaisait pas. Il m’avait fallu du temps pour comprendre que mon insatisfaction renvoyait à un désir que j’avais chevillé au corps, celui de devenir écrivain. Un beau matin, j’ai su que je ne pouvais plus me fuir, j’ai tout envoyé valdinguer, fui Paris et atterri à Sóller, au nord de l’île, dans la partie montagneuse qui est aussi la plus belle. Je me suis installé dans une maison prêtée par un ami originaire de ce village. Pour l’anecdote, il l’avait mise à ma disposition sans même prévenir son père qui résidait en France, je l’ai ainsi squattée durant toute une année.

 

Une année à Majorque…comme George Sand et Frédéric Chopin. Mais à la différence de mes glorieux prédécesseurs, je n’avais encore rien créé. Jusqu’alors, je n’avais fait que rêver, il me fallait maintenant m’atteler à la tâche.

 

J’étais arrivé avec un projet précis, celui d’écrire un livre sur l’Afrique. Il m’a fallu quelques mois pour m’avouer que pour diverses raisons, celui que j’avais en tête était prématuré et impossible à publier. Quoiqu’il en soit, j’ai vécu cette période à Sóller dans un état schizophrénique : j’étais  plongé dans mon passé et mes souvenirs, mais au même moment je découvrais un pays, une culture et une histoire, un peuple avec lequel je me sentais en osmose.

 

Avant Majorque, il y a donc eu l’Afrique.

J’y ai passé une partie de mon enfance, j’en ai été marqué à tout jamais. Depuis cette époque, je porte en moi des milliers d’images  – celles des pistes en latérite sur lesquelles nous filions dans la voiture de mon père, celles de la grande forêt équatoriale, des berges du fleuve Congo aux abords des rapides, des plages perdues du delta du Wouri, de la mangrove, des palétuviers, des marigots infestés de crocodiles, de notre grand jardin de Douala que parcourait une petite antilope. Ces souvenirs ont nourri ma nostalgie de l’Afrique, comme les ambiances de marché, la saveur du corossol, l’odeur puissante du manioc… Mais j’ai surtout été impressionné par mes incursions, enfant, dans les villages de pêcheurs ou jusqu’au quartier africain où se trouvait la case de ma mamie. Marthe, je ne l’ai jamais oubliée, j’ai essayé de la retrouver, malheureusement sans succès, lorsque vingt ans plus tard, je suis retourné au Cameroun.

 

Entre-temps, ma famille était rentrée en Europe. Nous avons vécu en région parisienne, à Pau, à Nancy.

J’ai effectué mes études à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Je fais partie de la fameuse promotion 1986 dont a parlé Ariane Chemin, celle des Claude Chirac, Anne Roumanoff, David Pujadas et de quelques jeunes gens pressés ayant pour nom Jean-François Copé, Arnaud Montebourg, Alexandre Jardin, Frédéric Beigbeder. Moi, je n’étais pas pressé…

J’avais le désir de ne rien faire comme les autres – et je crois y être parvenu, au risque de ne rien faire du tout. J’ai poursuivi mes études à la faculté de droit de l’université de Canterbury. J’ai beaucoup aimé la vie sur le campus, la campagne du Kent, l’Angleterre du milieu des années 80. On y sentait encore le parfum léger des swinging sixties, l’écume de la vague punk et des Clash. Je me souviens de soirées complètement déjantées dans des pubs de l’East End avec les derniers rebelles au nouvel ordre thatchérien. On risquait encore de se faire casser la gueule par de gros durs dans les boutiques de fripes de Camden Market. C’était le bon temps ! (trois ans plus tard, les touristes avaient envahi les lieux…)

Ces années-là, j’ai fait quelques voyages très marquants. Ce fut la découverte de l’URSS d’Andropov (en 83), puis, durant l’hiver 87, celle de Prague où j’étais allé remettre la lettre d’un ami français à une dissidente. Il n’y avait pas un chat sur le pont Charles enseveli sous la neige, c’était magique. Nous avons dîné le soir de Noël dans un restaurant rempli d’apparatchiks.

Mes études terminées, je suis retourné au Gabon et j’y ai travaillé pour le compte d’une grande entreprise pétrolière. Cette période africaine fut l’occasion de nombreux voyages en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Kenya, en Ouganda, au Zaïre. J’ai revu la silhouette du mont Cameroun, certains des lieux de mon enfance. À bord du petit Cessna d’un ami, j’ai survolé le delta du Wouri, ses eaux grises et inquiétantes, les marigots, la forêt vierge, Manoca, la pointe de Souélaba. J’ai vécu cela comme dans un film. C’était si émouvant que, certains jours, je me demande si cela a vraiment eu lieu.

De retour en Europe, j’ai pas mal bourlingué, j’ai vécu à Londres, puis à Paris. Après l’année passée à Majorque, j’ai repris des études de philosophie à la Sorbonne. J’ai ensuite commencé ma carrière d’enseignant à Francfort. Aujourd’hui, je suis agrégé de philosophie et j’enseigne cette discipline au lycée, à Nantes.

Je suis marié, j’ai trois enfants.

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